Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 05:51

Saint-Jacques-2009-472.JPGAu départ rien n'est clair. C'est juste des intuitions. On ne sait pas vraiment où on va. On enrage de ces demandes insistantes de l'autre pour comprendre. L'absence de signalétique déconcerte et les doutes entraperçus sont blessants. On cherche les mots pour expliquer vainement car on sait déjà que c'est peine perdue. Frustrés, on s'affaire alorsà l'ouvrage, se repliant dans cet ostracisme laborieux. Il faut se protéger du promeneur solitaire et distrait sans agressivité ou mauvaise intention mais qui seulement un court instant aveugle, détruit en quelques secondes l'ouvrage si patiemment réalisé. Enfin pour peu  que l'on ait échappé à la tentation de l'abandon, ou de la distraction destructrice d'un proche, on achève l'ouvrage; épuisé on ne souhaite que l'oublier. L'ego se flatte quelques temps en le regardant et l'admirant mais cela ne dure pas vraiment. Or un jour ou un soir, l'éclairage a changé, nous sommes devenus le promeneur solitaire et nous observons ce « clin d'œil » du chemin. Alors tout s'éclaire, l'ensemble trouve enfin sa raison et son harmonie. Les liens entre chaque élément deviennent une évidence. Ce qui nous semblait une faiblesse, une dispersion, ces apparentes pertes de temps, ces rendez vous chrono-phages qui nous ont fait tant douter s'avèrent les éléments de force de l'ensemble. La pièce qui paraissait incongrue, que l'on a eu tant de mal à se convaincre d'inclure dans le grand chantier, celle-la même dont la place nous paraissait indéfendable, celle-la même pourtant qu'une force irrépressible nous poussait à accepter, trouve enfin sa place. C'est une pierre angulaire, le point de force de l'ensemble.

Ce matin là, le cœur avide de signes on se penche sur ce drôle d'ouvrage qu'on a failli oublier. Alors, couverte encore de rosée, la toile s'étale ainsi, pleine de lumière et semble nous dire : « continue d'écouter ».

Partager cet article
Repost0
2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 00:36

SDC10993---Copie.JPGSimon avait appris ce soir là; simple conscience qui se réveillait; c'était juste un murmure. Une voix qu'il avait déjà bien sûr entendue. Elle était exacte et juste, comme une évidence. Elle, elle avait su trouver les mots, les gestes, le temps pour installer la confiance nécessaire. Il se laissait faire comme un enfant se confie; il n'était plus question de mots. C'était presque tout le contraire. Oublier les jugements, le mental et l'objet roi sacré. Il suffisait juste de retenir l'instant, cette douce sensation, la libération que le corps attendait. Elle, elle suivait, l'accompagnait; Simon ne cherchait pas à comprendre; Trop d'erreurs et d'impasses prises. Des choses noires et « lourdes » sortaient parfois au gré des mouvements, mais cela n'avait plus cette prégnance et cette persistance. Cela ne faisait que passer. C'était comme l'eau d'un tissu qu'on essore, comme la vapeur d'eau qui s'échappe d'un linge qui sèche une après midi d'hiver. C'est un poids qui s'en va, un mémoire qu'on oublie enfin. Quelque chose s'était réveillé quelque part. Il ne cherchait pas en savoir plus. Il avait cette certitude que la machine était en marche. Elle surement ne comprenait pas tout non plus. Elle pressentait une certaine magie, un souffle; Il ne voulait pas la détruire. Apprendre à mieux la percevoir, à l'apprivoiser, à l'aimer. Simon sentait ces traces infimes d'éveil qui s'éclairaient dans son corps comme ces notes juste esquissées de ce slameur dégingandé, ou la vibration de ce tambour. Une houle légère qui agitait ses cellules. C'était là dans un chemin abrité, qu'il avait juste créé pour cela que cette sensation pouvait enfin éclore. Bien sûr il y avait encore les faux pas, les errances, les résistances et blocages de toute sorte, mais l'homme avait commencé à marcher.. grâce à elle.

Partager cet article
Repost0
26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 07:33

kcgaGc0J.jpgC'est un vieux fossile que l'on piétine allègrement dans l'anonymat général. Les hasards des découpes l'ont placé là au cœur de la ville sa moitié tranchée exposée impudique à la foule grouillante et affairée de cette grande place. Combien de passants pressés de ne pas rater es dernières bonnes affaires, les bras chargés par leurs récents achats, ont cédé à la curiosité et pris le temps de scruter les dalles pour apercevoir ces drôles de motifs ? Surement les abattus par le sort, la tête baissée, les épaules rentrées ou encore les maladroits, malchanceux ou distraits qui ont chuté sur le parterre glissant ont, eux, pu s'interroger sur l'origine de ces étranges spirales. La discrétion de leur forme ne les invites pas à la célébrité, elle n'ont ni la taille, ni les motifs connus d'ossement. Les dents terrifiantes d'un tyrannosaure avec qui elles ont pourtant dominé le monde à cette époque auraient certainement provoqué plus d'émoi. Elles n'auraient d'ailleurs pas fini piétiné ainsi sous les intempéries. Elles ont régné sur les mers, il y a plus de 200 millions d'années, mais déjà l'injustice de renommée frappait le monde marin. On se rappelle et on frémit encore à l'évocation des grands carnassiers reptiliens, mais il y a peu de place pour ces drôles « d'escargots énormes » qui pullulaient sur les bords des mers. Leur gloire est passée. Au mieux on se méprendra à penser à quelques formes archaïques de nos sympathiques et inoffensifs gastéropodes de jardin, certainement pas aux monstres marins tentaculaires des romans fantastiques de Jules Verne. Etape évolutive oubliée dont il ne reste que l'écho fuyant des talons d'une consommatrice pressée.

Partager cet article
Repost0
22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 21:31
SDC11360.JPGElles sont encapuchonnées dans des replis de fausse fourrure, le dos vouté, expectatives, espérant une aide du destin. Mais rien ne vient, les rues sont pareilles qu'hier, les rails du tram, identiques. Pour peu que l'on soit accompagné ou seulement attendu, on ne les voit pas; on ne prête pas attention à ces âmes errantes s'accrochant au rebord rassurant d'un comptoir de bar de quartier, déambulant dans des rayons de supermarchés à la recherche d'une nourriture industrielle et sans aucun préparation nécessaire. Elles n'ont pas d'age ni de sexe. Elle sont là visibles pour celui qui veut ou peut. Le reste n'est que poésie. On pense alors qu'il faudrait peu pour que les rues se colorent que le rail du tramway zigzague, que le whisky s'échappe du coca... juste une virgule, qui permette de reprendre sa respiration. Une seconde, une éternité. On croise alors des sourires insouciants, des rires qu'on aimerait apporter jusqu'à ces âmes errantes, juste quelques gouttes qui ne seraient pas échappées de nos récipients de fortunes troués de toute part, hémorragiques à chaque phalange. Juste un peu de cet éclat sur ces âmes errantes...
Partager cet article
Repost0
19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 22:28

SDC11337.JPG

Il est des moments où tout s'écroule comme une évidence. Ce soir c'est certainement le cas. Il y a des souvenirs insaisissables et inopportuns, qui frappent à la porte de la mémoire; Il sont agressifs et bruyants. On ne les calme pas C'est peine perdue. Peine perdue car ils ont dépassé la frontière des mots. Ils sont insaisissables, rebelles et obstinés ! Il s'amusent de nous. Ils sont là, imperturbables. Ils attendent la faille, le moment de faiblesse, le grand chambardement pour fleurir comme des grands lys iconoclastes. Il est des soirs où on aimerait oublier et se noyer dans un délicieux liquide amnésique aux couleurs ambrés, mais ce chemin est illusoire et trompeur. A la douceur suit l'acidité et la rancœur, et l'inexorable obstination du destin.

Partager cet article
Repost0
13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 08:54
SDC11292.JPG

La jeune serveuse écoute poliment. La vieille continue son interrogatoire. Sa tenue bourgeoise, son ton poli et agréable ne laisseraient pas de place à la méfiance. C'est un monstre pourtant, insatiable toujours prêt à tenter de se rassasier auprès d'une nouvelle proie, à la quête d'histoires fraiches, de destins de vie nouveaux pour essayer vainement de calmer cette douleur insondable qui la ronge depuis tant de temps. Aucun destin ne peut être joyeux, aucun cœur lumineux, car son âme depuis tant d'années accoutumée à la pénombre ne tolère pas de lumière. Mais comme un animal curieux la voilà qui vient sonder cette lueur fascinante, jusqu'à découvrir que cette lumière n'est la sienne mais celle d'un autre qui se trouve à l'extérieur. Alors la rage dans les mots tranchants elle lacère et déchire ce corps dansant et dans un pincement de lèvres presque imperceptible, à la fin d'une phrase assassine, éteint cette flamme vibrante qui lui est tant insupportable. Elle s'en va. La serveuse semble épuisée et s'allume une cigarette...

Partager cet article
Repost0
13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 00:29

rue-sans-issue.jpgIl y a ce don qui n'est pas recevoir. Il y a cette attente sans soleil qui nous fait mentir. Le cœur gonflé de rancœur, les mots forment un caillot dans la gorge. La vielle mécanique suit son chemin sous la pluie froide de ce soir redevenu rassurant. La voie est toute proche pourtant mais la porte s'est refermée. La machinerie infernale a repris le dessus enterrant le doute salvateur et éloignant la possible crise salutaire. Les miasmes d'égoïsme et de mesquinerie sont restés sur les habits de l'homme. L'autre se demande pourquoi il est revenu et pour quelle bonne raison. Les mots injustes cachent maladroitement et de manière insupportable la vraie désespérance. L'autre aimerait être un miroir tout simple, mais ces mots sont insuffisants, trop facilement corruptibles dans sa bouche et dans l'esprit de l'autre. Il ne voit qu'un cœur aveugle et souffrant, un abime sans fin que rien ne peut remplir, insatiable et boulimique. Il aimerait le laisser dans sa fange, la rage à l'intérieur la colère au bord des lèvres. Mais cette solution lui semble sans fin, une facilité qui ne veut plus lui concéder. Il ne veut plus être cet autre qui répond mais lui même, qui offre.

Partager cet article
Repost0
3 janvier 2010 7 03 /01 /janvier /2010 18:48
sur-les-ailes-de-l-ange-2.JPGSur les ailes de l'ange, il y a des poussières d'étoiles et des promesses de voyage. Dans ce champ de pierres, labyrinthe des nostalgies matinales, je cherche cette maudite tombe que les guides touristiques indiquent. Je cherche sans trop y croire. L'ange au coin d'une allée dort et me surprend. Simple allégorie ? Celui-ci me parait presque vivant. Il me rassure. Je m'arrête un moment pour parler avec lui au beau milieu de la frénésie « portena ». Dans le gazouillis d'un tuyau d'arrosage, l'eau se fait écho de ce souffle de vie. Car sur les ailes de l'ange , il y a aussi ces lèvres humides qui trouvent leurs sœurs, les paumes chaudes et douces qui maladroites caressent le corps espéré, et le parfum capiteux de la première rencontre d'anonymes amants dans le dédale des noms célèbres ou oubliés.
Partager cet article
Repost0
2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 01:31

 

cafe.jpgC'était un après midi d'échouage sur la grève en zinc. J'avais croisé le vieil indien; je ne le croisais pas souvent mais toujours pour de bon. Cette fois-ci, je n'avais pas particulièrement envie de m'enliser sur le sable mou et détrempé de la plage attendant l'inexorable trop plein d'écume que la marée montante amène. J'ai malgré tout accepté l'invitation. Nous nous sommes parlé comme deux vieux sorciers chacun fouillant dans les tréfonds de l'âme de son interlocuteur en espérant trouver la faille salvatrice où la parole pourrait entamer la guérison attendue. El viejo indio me dit alors que j'allais commencer à écrire. Ce serait au début quelque chose de presque insignifiant, pas grand chose mais que c'était là le chemin que je devais tenter de suivre. J'ai suivi ces conseils en me souvenant de ce balbutiement resté sans suite. J'ai repris le fil appréciant le bien que cela m'apportait.

Je vis quelques fois dans les mois suivants el viejo indio, sans échanger particulièrement de paroles, mais ce matin, je le surpris, là à côté de moi, accroché au jus noir du réveil. "Empezé a escribrir" lui ai-je jeté juste avant qu'il finisse son café. Il sembla satisfait de me voir suivre son conseil et me parla de ces efforts à écrire également. Il éprouvait semble-t-il de la difficulté à retenir les idées fugaces du quotidien. Il me raconta alors l'histoire de cet écrivain américain qui s'était retiré dans son village natal au Mexique et de son habitude, au beau milieu d'une conversation, de « vomir » une remontée soudaine de mots et d'idées dans un petit magnétophone de poche. Cela l'avait marqué, môme. Il me salua et me souhaita de bonnes fêtes. Je lui ai renvoyé la pareille. L'heure suivante je me remis à écrire espérant lui dire la prochaine fois : "Sigo escribiendo"

 

Partager cet article
Repost0
1 janvier 2010 5 01 /01 /janvier /2010 12:29
Quelque-chose-d-insignifiant.JPGQuelque chose d'insignifiant s'accroche à mon esprit, traine dans mes viscères, un bout de cheveu, un poil de cul, un grain de sable peut être; une chose persistante en tout cas. Elle ne veut pas partir. Elle me dit déjà qu'elle ne me lâchera pas. Elle s'obstine. C'est un peu comme ce moment assis sous un manguier près de Ouagadougou, une pause limpide et claire. Il n'y a rien pourtant que notre rire partagé sous l'ombre bienveillante de l'arbre, des poulaillers trop grands et vides et le groin curieux d'un cochon. Rien que ces petits bouts de moment scintillants et cristallins comme les éclats d'une cascade. Rien de prêt, rien d'attendu. Juste quelque chose d'insignifiant.
Partager cet article
Repost0